Le tramway de Voiron à Saint Béron- Extraits de document Cie.VSB de l'époque

CHEMIN DE FER  DE

Voiron à Saint-Béron

  C’est depuis quelques années surtout que l’al­pinisme a pris en Dauphiné une extension mé­ritée par la remarquable configuration de son sol, qui peut supporter, avec avantage, la com­paraison avec les sites les plus pittoresques et les plus renommés.

  Le massif de la Chartreuse est, à ce point de vue, d’une beauté merveilleuse.

 Le Chemin de fer dé Voiron à St­-Béron par St-Laurent-du-Pont, en exploitation depuis décembre 1894, fait péné­trer les voyageurs au centre même de ce mas­sif et met en communication facile les nom­breux buts d’excursion dans la montagne et le célèbre monastère de la Grande-Chartreuse, avec les deux grandes lignes du P.-L.-M. de Lyon à Grenoble et de Lyon à Chambéry et Aix-les-Bains.

   Le train part de la gare de VOIRON, jolie ville de 12,ooo habitants (alt, 280m), dans la vallée de la Morge, qui possède de nombreuses usines de soieries, de toilerie; des fabriques de liqueurs estimées. Une superbe église et une très belle promenade de platanes et de marron­niers décorent la place principale.

   De Voiron, on peut faire d’intéressantes courses : les gorges du Bret, les montagnes de Ratz, de Jusson, la Grande-Sure (alt, 1924m), le couvent de Chalais (alt. 940m), Notre Dame de­ Vouise, etc.

   Après avoir traversé la voie du P.-L.-M., sur un pont métallique, la ligne atteint la route de Grenoble par une courbe hardie et s’enfile dans les vignes, vers le hameau du Gros-Bois, où se trouve la halte de La Buisse ; le vil­lage de ce nom est à deux kilomètres et demi de là.

  Derrière le clos du couvent de RR. PP. Do­minicains, un talus assez élevé permet de dé­couvrir la vallée de l’Isère jusqu’à l’Echaillon et les hautes montagnes des environs de Gre­noble.

  Coublevie, petit bourg de 1,612 habitants (alt. 415m) est adossé à un coteau riant et fer­tile.

  Le train longe ce coteau jusqu’à la Croix Bayard halte qui dessert principalement le hameau de la Tivollière et Tolvon, dont l’église élégante s’aperçoit de très loin.

  Pendant, un long moment,. Voiron se pré­sente dans son cirque de verdure, avec la Ro­che de Vouise comme rideau de fond. Toits rouges et cheminées fumantes, l’industrielle cité se montre sous un aspect plein de charmes avec sa cathédrale aux flèches élancées qui se détachent nettement sur le décor.

  Tantôt sur route, tantôt à travers champs, le train court rapide et arrive à la gare de Saint ­Etienne de Crossey, (1,179 habitants), De Saint-Etienne, on aperçoit à sa gauche le château de Hautefort.

   A partir de cette station, le coup d’oeil est magnifique. On passe dans les gorges du Crossey, au milieu des roches géantes et tourmen­tées.

   Un tunnel de 240 mètres débouche sur un autre versant et adoucit la rampe excessive de la route de Pont-du-Demay, où est une halte qui dessert, en même temps que ce ha­meau, la commune de St-Julien-de-Ratz et la Placette. Près du Pont-du-Demay, se trouve un sentier qui conduit à la Grande-Sure.

  En rase campagne et presque en ligne droite, le train suit la route et traverse Saint-Jo­seph-de-Rivière (842 habitants), lieu de pélerinage de N.-D. de Lourdes. A droite, les montagnes de la Chartreuse se dressent impo­santes avec leurs noires sapinières.

  0n atteint bientôt SAINT-LAURENT­-DU-PONT, 2,444 habitants (altitude 405m).­

  En face de cette gare, qui possède un buffet­ restaurant, apparaît sur le coteau le magnifi­que hôpital dû à la générosité des RR. PP. Chartreux. Sur le côté droit, la route de Four­voirie et l’entrée du Désert de la Grande-Char­treuse.

   Le Couvent (alt. 997m) est à 9 kilomètres de Saint-Laurent-du-Pont. De nombreuses voitures desservent l’arrivée de chaque train et y con­duisent en une heure trois quarts. Faire la route à pied est également des plus agréables.

   La route encaissée dans une gorge profonde, au bas de laquelle mugit le Guiers en torrent impétueux, est d'une beauté et d'une grandeur, sans égales.

   La description en a trop souvent été faite pour donner ici des détails sur Fourvoirie et ses usines, son entrepôt des liqueurs du couvent, la hardiesse des ponts St-Bruno et St- Pierre, jetés au-dessus de l'abîme, les tunnels,' le pic-de l'Œllette, etc., la Grande-Chartreuse, elle-même d'une réputation universelle, et qui attire chaque année une foule de visi­teurs.

   A quatre kilomètres se trouvé le riant et pittoresque village de Saint-Pierre-de-Char­treuse, si recherché des amateurs de villégia­ture.

     Excursions intéressantes : le Petit-Som et le Grand-Som (2.033m), chapelle de Notre-Dame­-de-Casalibus et de St-Bruno, Currière, établis­sement de sourds-et-muets entretenu aux frais dés RR: PP. Chartreux, la cascade du Guiers, Charmant-Som, les Ayes, le sentier des San­gles, le col de Bovinant, Vallombrey, etc.

    A Saint -Laurent-du-Pont (Revol), est le dépôt des machines de la Compagnie V. S. B. C’est là que les trains sont formés pour la direction de Voiron, et celle de Saint­-Béron.

   Le train suit de nouveau la grande route, passe à Aiguenoire (halte), et arrive à Entre-deux-Guiers (825 habitants), puis aux Echelles (728 habitants), deux char­mantes localités qu’un pont sur le Guiers sé­pare.

    Lieux de villégiature très fréquentés et centres d’excursions, dont la plus curieuse est celle des Grottes des Echelles.

    La distance de la gare des Echelles aux Grot­tes est de 3 kilomètres. Pendant la saison d’été, il y a un service de voitures à dix heures et demie du matin et à cinq heures du soir. Des billets sont distribués par les agents du V.-S.-B.

   Ne pas quitter les Grottes sans aller voir les gorges du Guiers, au pont St-Martin, à dix mi­nutes des galeries.

Les bains de la Bauche (alt. 720m) sont à 6 kilomètres.

Un service de voitures relie les Echelles au Couvent par St-Pierre-d’Entremont et St­Pierre-de-Chartreuse.

    Puis voici la halte de Chailles, à l’entrée des gorges du même nom, justement réputées et qui constituent avec celles du Crossey, deux attractions enchanteresses pour les touristes.

   De la route où passe le train, on contemple la profondeur vertigineuse du ravin, au bas du­quel grondent les eaux verdâtres et écumantes du Guiers. Commodément installé à la portière du wagon, on côtoie en toute sécurité l’im­pressionnant voisinage de l’abîme. On compte en effet jusqu’à 150 mètres, la profondeur de la route au torrent.

    La main de l’homme est venue utiliser jus­que dans ce lieu sauvage les énormes forces improductives du Guiers. Le long de son lit, on aperçoit bientôt une canalisation gigantesque taillée à même dans la roche, entrecoupée de tunnels, qui conduit les eaux pendant, près de trois kilomètres, au-dessus d’une usine de pro­duits chimiques installée depuis quelques  an­nées au sortir des gorges elles développent, plus de 3,000 chevaux de force.

   La différence de niveau du canal avec le tor­rent du Guiers est alors considérable, de 80 mètres environ, et le trop plein se déverse par une écluse en une immense cascade artificielle du plus grandiose effet.

    C’est sous le coup de cette impression inou­bliable que l’on arrive à SAINT-BERON (907 habit.) point terminus du V. S. B.

    Saint-Béron est situé sur la ligne du P.-L.-M. de Saint-André-le-Gaz à Chambéry, et sert également de tête de ligne au Tramway du Pont-de-Beauvoisin (de Saint-Béron à Saint ­Genix d’Aoste).

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